Sous la verrière du Grand Palais restaurée, une vaste cimaise exposant les 619 tirages en noir & Blanc de la série People of the 20th Century (1929) de l’Américain August Sander accueille le visiteur à l’entrée de Paris Photo. Cette présentation sur le stand du galeriste Julian Sander (arrière-petit-fils du précurseur de la photo documentaire) – l’un des sept projets monumentaux de la section Prismes répartis dans le secteur principal de la foire – est emblématique de cette 27e édition : de nombreux tirages vintages, une présence du noir et blanc accrue.

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La beauté du monde

En cette année du centenaire de la publication du Manifeste du surréalisme, des collages, solarisations et photogrammes de Man Ray chez Bruce Silverstein, Edwynn Houk et aux Douches font écho aux ambrotypes contemporains du Japonais Yamamoto Masao chez Camera Obscura, créés d’après un procédé du XIXe siècle de collodion sur plaque de verre. Autant d’images minimalistes inspirées par la beauté du monde naturel rappelant les peintures japonaises d’oiseaux et de fleurs du XIVe siècle.

Les ambrotypes de Yamamoto Masao chez Camera Obscura, Paris Photo 2024 © Connaissance des Arts / Anne-Sophie Lesage-Münch

Les ambrotypes de Yamamoto Masao chez Camera Obscura, Paris Photo 2024 © Connaissance des Arts / Anne-Sophie Lesage-Münch

Autodafé de fleurs

D’autres fleurs de la série Love Letters (2014) du Chinois Jiang Zhi à la galerie Paris-B, dédiées à la mémoire de son épouse décédée, sont le théâtre d’un drame : enflammant des fleurs vivantes, il capture l’instant où les pétales et les flammes coexistent dans une harmonie entre beauté et souffrance, entre destruction et renaissance.

La série Love Letters de Jiang Zhi sur le stand de la galerie Paris-B à Paris Photo, 2024 © Connaissance des Arts / Anne-Sophie Lesage-Münch

La série Love Letters de Jiang Zhi sur le stand de la galerie Paris-B à Paris Photo, 2024 © Connaissance des Arts / Anne-Sophie Lesage-Münch

Cette esthétique pictorialiste se retrouve aussi dans les natures mortes de Lia Darjes à la galerie Robert Morat et dans les portraits de Justine Tjallinks à la galerie Galerie Sophie Scheidecker inspirés des maîtres hollandais.

Justine Tjallinks, Silence, 2016, Galerie Sophie Scheidecker

Justine Tjallinks, Silence, 2016, Galerie Sophie Scheidecker

Des portraits partout

Les portraits sont partout dans la foire, mis en scène avec une extrême sophistication par le Néerlandais Erwin Olaf à la galerie Rabouan Moussion, troublants dans les autoportraits de la Japonaise Mari Katayama en caryatide, debout sur ses prothèses de jambes (à la galerie Suzanne Tarasiève, l’une des images du Parcours Elles X Paris Photo élaboré par Raphaëlle Stopin qui met en lumière les femmes photographes). Sur le stand de la galerie Gagosian, les portraits de Richard Avedon des années 1960 dialoguent avec les images actuelles de Tyler Mitchell célébrant la communauté noire.

Mari Katayama, 25 days in tatsumachi studio, 2015, Courtesy Mari Katayama Studio and Galerie Suzanne Tarasieve, Paris

Mari Katayama, 25 days in tatsumachi studio, 2015, Courtesy Mari Katayama Studio and Galerie Suzanne Tarasieve, Paris

Corps pudique ou érotique

Cette réflexion sur l’identité et l’appartenance se retrouve dans la sélection nourrie d’esthétique surréaliste du cinéaste et artiste Jim Jarmusch, qui sortira le 13 novembre un film Return to Reason réunissant quatre films de Man Ray nouvellement restaurés pour lequel il a composé une musique originale avec son groupe SQÜRL. Corps morcelé, contraint, en mouvement, prenant la pose, pudique ou érotique se retrouvent dans sa sélection de photographies de Dora Maar (1931) à Zanele Muholi (2019).

Dora Maar, Photo Mode II, 1931, Courtesy EdwynnHouk

Dora Maar, Photo Mode II, 1931, Courtesy EdwynnHouk

Photos-sculptures

Autre tendance forte de cette édition 2024, les photographies sur des supports inhabituels, en particulier dans le secteur Emergences dédié à la scène contemporaine (conçu par Anna Planas) et dans la nouvelle section curatée Voices, sous la direction de trois commissaires internationaux : Sonia Voss, Elena Navarro et Azu Nwagbogu.

Les installations sculpturales d’Aglaia Konrad à la galerie Nadja Vilenne, Paris Photo 2024 © Connaissance des Arts / Anne-Sophie Lesage-Münch

Les installations sculpturales d’Aglaia Konrad à la galerie Nadja Vilenne, Paris Photo 2024 © Connaissance des Arts / Anne-Sophie Lesage-Münch

Mosaïque d’images dans une boîte en plexiglass (Le Bleu du Ciel de Taufenbach et Pourtout chez Almanaque fotografica) ; installations sculpturales de Lebohang Kganye à la galerie Patinoire royale Bach et d’Aglaia Konrad à la galerie Nadja Vilenne ; photomontages brodés sur du tulle de Joana Choumali et photos imprimées sur du verre poli aluminium d’Alia Ali à Loft Art Gallery ; portrait dans un dispositif en carton d’Aurora Király à la galerie Anca Poterasu, etc. La pièce la plus exceptionnelle est une photographie du Mont Fuji sur un grand paravent recouvert de papier washi du maitre japonais Hiroshi Sugimoto à la galerie Fraenkel…

Hiroshi Sugimoto, Mt Fuji, 2024, Fraenkel, Paris Photo 2024 © Connaissance des Arts / Alexandre Dars

Hiroshi Sugimoto, Mt Fuji, 2024, Fraenkel, Paris Photo 2024 © Connaissance des Arts / Alexandre Dars

Digital : de l’épure au kitsch

Pour la deuxième année, Paris Photo propose un secteur dédié à l’image digitale sous la direction de Nina Roehrs dont les propositions vont de l’épure au kitsch. Minimaliste, la série 3660 Secondes de Lumière de Thibault Brunet à la galerie Binome capture la beauté éphémère des nuages en utilisant un espace virtuel créé dans un jeu vidéo, créant une série de portraits de nuages modélisés en 3D éclairés par le soleil, qui prend des teintes différentes en fonction de l’heure de la journée.

Thibault Brunet, Typologie du virtuel series (gas station), 2023, sur le stand de la galerie Binome à Paris Photo 2024. © Connaissance des Arts / Anne-Sophie Lesage-Münch

Thibault Brunet, Typologie du virtuel series (gas station), 2023, sur le stand de la galerie Binome à Paris Photo 2024. © Connaissance des Arts / Anne-Sophie Lesage-Münch

Tyler Hobbs à la galerie laCollection mixe dessin à la main et tracé automatique piloté par des algorithmes génératifs pour imaginer la série New Space. Quant au duo Holly Herndon et Matt Dryhurst, actuellement exposé à la Serpentine Gallery et au Centre Pompidou dans l’exposition « Apophénies, interruptions : Artistes et intelligences artificielles au travail », ils exposent chez Fellowship des images aux couleurs stridentes crées à partir du programme d’intelligence artificielle générative DALL-E (capable de créer des images à partir de descriptions textuelles).

Holly Herndon et Mat Dryhurst, Xhairymutantx-Embedding Study Diptyque 01, Fellowships

Holly Herndon et Mat Dryhurst, Xhairymutantx-Embedding Study Diptyque 01, Fellowship

Redonner une voix aux femmes afghanes

Il est donc question de techniques expérimentales mais assez peu de photojournalisme dans cette édition 2024. On compensera ce manque en allant voir d’urgence la remarquable exposition « No Woman’s Land, Un regard intime sur la situation des droits des femmes en Afghanistan » de la photojournaliste canado-iranienne Kiana Hayeri et de la chercheuse française Mélissa Cornet au Réfectoire des Cordeliers à Paris. Lauréates du Prix Carmignac de photojournalisme, le duo donne une visibilité et une voix à ces femmes afghanes qui -après avoir été privé par les talibans du droit de travailler, d’aller à l’université, de chanter et de danser- n’ont désormais plus le droit de se parler entre elles…

Paris Photo
Grand Palais, Paris
du 7 au 10 novembre
Online viewing room


Cet article a été prélevé d’internet par la rédaction de parisclc.com pour la bonne raison que ce dernier figurait dans les colonnes d’un blog dédié au thème « Paris City of Light Cluster ». Cette chronique a été générée de la manière la plus complète que possible. Pour émettre des observations sur ce dossier autour du sujet « Paris City of Light Cluster », merci de contacter les contacts indiqués sur notre site web. parisclc.com est une plateforme numérique qui compile de nombreux posts publiés sur le web dont la thématique principale est « Paris City of Light Cluster ». En visitant de manière régulière nos pages de blog vous serez informé des futures annonces.