Par une matinée ensoleillée de juin à Paris, Guillaume et moi sortons de nos immeubles du IXe arrondissement pour une balade à vélo. Il file devant moi sur son élégant vélo anthracite aux lignes toutes scandinaves. Je le suis péniblement sur mon lourd biclou de ville vert. Nous passons devant la crèche où nous déposions autrefois notre bébé franco-américain, puis nous nous dirigeons vers la Seine.

Guillaume évolue comme un requin dans l’eau, pédalant avec aisance. Il faut dire qu’il a été coursier à vélo dans son jeune temps. Nous nous arrêtons au feu rouge en face du Chipotle. C’est là que j’ai versé toutes les larmes de mon corps sur une barquette de tacos moelleux le soir où Guillaume m’a annoncé qu’il demandait le divorce.

“Ralentis un peu, lui dis-je. Tu veux ma mort ou quoi ?

— T’inquiète !” répond-il en riant.

Nous allons au commissariat déposer une demande d’autorisation de sortie du territoire pour notre fille de cinq ans. Sans ce document officiel, elle ne pourra pas prendre un avion pour l’étranger. Dans la phase la plus tumultueuse de notre divorce, je l’avais accusé d’être un fêtard irresponsable. Lui craignait que j’enlève notre fille. Dans les séparations houleuses, la vérité se situe généralement quelque part entre ces extrêmes.

À l’époque où nous formions encore une famille, je me déplaçais rarement à vélo à Paris, à l’exception de quelques sorties dominicales. Cela me semblait trop dangereux, et, en tout état de cause, je ne m’aventurais pratiquement jamais au-delà de mon quartier de la rive droite.

Mais quand, après le divorce, la garde alternée a été actée par un tribunal français, je me suis retrouvée dans un pays qui n’était pas le mien et où les heures passées sans mon enfant me paraissaient interminables. À mesure que je reprenais en main ma vie parisienne, le vélo est devenu un moyen pratique d’explorer la ville, et j’ai du même coup redécouvert une joie rafraîchissante : filer à toute allure parmi les voitures, loin du téléphone.

Souvenir d’un pneu crevé

Le feu passe au vert, et nous repartons. Voici la brasserie où nous avons un jour pris un plateau d’huîtres en terrasse, avant de venir nous installer à Paris, quand nous vivions encore à Brooklyn et que nous n’étions que de passage. À l’époque, chaque auvent rouge, chaque chaise Gatti et chaque serveur en nœud papillon me séduisait : “Je me verrais bien vivre ici…”

En passant devant l’escalier dérobé menant à l’écrin de silence du Palais-Royal, je repense à cette période où l’avenir me paraissait déborder de promesses.

Mon regard passe de la chaussée semée de nids-de-poule à la courbe des omoplates de Guillaume sous son tee-shirt gris chiné. Je ne pense pas à l’objet de notre excursion. Mon esprit me ramène au vélo sur lequel il était appuyé sur un quai de métro de Brooklyn, le soir de notre rencontre.

“Vous pourriez me dire dans quel sens vont les trains pour Manhattan ?” m’avait-il demandé. Il avait un pneu crevé. Je lui avais indiq

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