Charli XCX, Vald, FKA Twigs, Sampha… Sous un ciel presque clément, le festival parisien a offert tout au long de ces trois jours de beaux moments forts, entre garnement rap, jeunes talents de la scène française, falsetto renversant et pole dance d’avant-garde.
Fka Twigs sur la scène du festival We Love Green, dans un show ultra millimétré à la rigueur folle. Photo Raphael Chene
Publié le 09 juin 2025 à 15h41
Mis à jour le 10 juin 2025 à 11h56
Miracle, il n’a pas plu, ou presque. Quelques gouttes samedi pendant le passage des Australiens de Parcels et quelques autres, artificielles, pendant le show de la vedette du week-end, Charli XCX, qui s’est amusée à lécher la scène, immortalisant le moment pour les réseaux sociaux, dans cette boucle médiatique infinie que l’Anglaise alimente depuis un an. La météo étant clémente, la musique est revenue au premier plan à We Love Green, tout au long de ces trois jours. S’il n’a pas affiché complet en dehors du samedi, le festival parisien a offert plusieurs moments forts, entre garnement rap, brat summer, falsetto renversant et pole dance d’avant-garde.
Plutôt philo ou techno ?
À We love green, sous les frondaisons du Bois de Vincennes, le vendredi, c’est philosophie ? Le festival a beau ne pas afficher complet pour son premier soir et la foule s’amasser doucement devant la grande scène, le sale gosse Vald déballe avec agilité son rap empli de questionnements. À 32 ans, le tchatcheur originaire d’Aulnay-sous-Bois a souvent présenté son propos burlesque et grinçant comme « de la philosophie pour les nuls ». Alors, épaulé de son fidèle backeur Suikon Blaz AD et d’un DJ, et entouré par une dizaine de danseurs et danseuses aux chasubles jaune fluo (un clin d’œil aux gilets jaunes ?), c’est comme s’il réfléchissait à voix haute avec le public. « Un pied à gauche, un pied à droite / Avant, j’étais pauvre, est-ce que c’est qu’j’étais gauche ? / Maintenant, j’allonge, est-ce que je suis adroit ? », rappe-t-il de sa voix espiègle mais où perce la sincérité. Vald qui n’a jamais autant chanté, et bien, ne boude pas son plaisir sur fond de techno gabber. Il incite les spectateurs à faire des cercles de danse et à pogoter. Et ça marche !
Les gars et les filles à suivre
Du côté des jeunes talents de la scène française, le week-end a été l’occasion de quelques belles confirmations. Sur la scène de La Canopée, souvent réservée aux débutants, Jolagreen23 a prouvé qu’il n’y a pas meilleur compagnon que son public et fini par convaincre une foule chauffée à blanc par son acolyte, le rappeur Kabbsky. Jusqu’à atteindre, juste à temps, la ferveur espérée sur ses tubes 360TrickShot et 4BULLDOG. Dali a fait ses débuts dans la même veine rap, avant de s’en aller explorer d’autres contrées. Et quelle merveilleuse déviation, tant il brille sur scène dans ce mélange d’esthétiques, entre chanson, grunge, bossa nova et R’n’B. Loin de se résumer à un style, Dalí touche par son attitude, entouré d’un groupe de musiciens sans qui la performance n’aurait pas cette saveur, impétueuse et savoureuse à la fois.
Mais cette année, la couronne revient aux jeunes femmes. Et surtout à Théodora, qui aurait bien mérité la grande scène au regard de la marée humaine que la jeune artiste a provoquée. Grâce au succès viral de son titre Kongolese sous BBL, elle s’est offert la compagnie de Luidji, Juliette Armanet et Chilly Gonzales, qui composent les featurings de sa récente réédition MEGA BBL et témoigne de son habileté à orchestrer différents univers, du R’n’B au rock, de la pop à l’afro, y compris caribéen, pour en faire un tout cohérent. Sur la grande scène, quelques heures plus tôt, la reine du Shatta, Maureen ramassait enfin les fleurs d’un succès qui tardait en hexagone. Avec ses danseurs, elle a fait honneur aux Antilles, et surtout à ce genre musical venu de la Martinique, amenant avec elle la chaleur qui manquait – côté météo – depuis vendredi. De quoi confirmer son rôle de cheffe de file d’une nouvelle tendance qui prend enfin racine de ce côté-ci du globe.
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À la recherche de la mélodie perdue
L’envie ne manquait pas. Le souvenir de la cérémonie d’ouverture des jeux Paralympiques et de la prestation intense de Lucky Love, ce soir-là, nous avait même plutôt réconciliés avec sa pop internationale qui, sur disque, n’avait pas convaincu. Las, un titre réussi ne fait pas un concert. Lucky Love ne manque ni de charisme, ni d’énergie, mais difficile d’accrocher sur la longueur à une musique qui tient surtout de l’exercice de style d’un classicisme étrangement daté. Un peu soul, un peu rock, un peu gospel, un peu dance, un peu pop et pas grand-chose à la fin, faute de mélodies qui sortent de l’ordinaire.
À quelques mètres, sous la Clairière, sans davantage de mélodies mais avec une interprétation qui misait tout sur la retenue, l’Espagnole Judeline, telle un spectre sorti des ruelles de son Andalousie natale, livrait à l’inverse un show aussi intrigant qu’attachant. Sa musique, il est vrai, repose sur des solides fondations rythmiques, venues de l’hyper pop comme de la techno la plus cérébrale. Et comme l’ont déjà fait avec talent une Rosalia ou un Bad Bunny, ses références assumées, Judeline parvient à y mêler tout un héritage harmonique latino, rajeunissant l’une et l’autre de ses influences.

Sampha, la pépite anglaise néosoul, est accompagné d’une troupe de jeunes musiciens biberonnés au jazz et à l’électro. Photo We Love Green
De l’art et de l’expérience
Après un premier passage en 2018 dans la foulée de Process, premier album qui lui valut de multiples collaborations (Beyoncé, Frank Ocean, Drake…) et un détour par Rock en Seine l’année dernière, Sampha faisait son retour à WeLoveGreen. Sept ans ont passé et la pépite anglaise néosoul est toujours cet artiste accompli, une voix au falsetto céleste, un pianiste inspiré, accompagné d’une troupe de jeunes musiciens biberonnés au jazz et à l’électro aussi doués que lui. Dans une entrée en scène pleine de joie et d’émotion partagée, Sampha a donné le ton puis déroulé les titres de son deuxième album, Lahai (2023), de sa voix de velours, n’écoutant que son exigence face aux injonctions à faire danser. Subtilité, décontraction et maîtrise impressionnante furent comme toujours au rendez-vous avec lui. À l’image de cette intro folle où il tambourina en cercle avec son groupe avant de retomber magnifiquement sur ses pieds, Sampha planait hier au-dessus de la mêlée.
Quelle est la potion magique de Beach House pour faire de chacun de leurs concerts une communion sans pareil ? Il émane du duo du Baltimore, formé par Victoria Legrand (voix, orgue) et Alex Scally (guitare) une sourde inquiétude qui empêche leurs entrelacs alanguis de claviers, de guitares et de voix de virer à l’inoffensif. On ne comptait plus les énamourements devant le spectacle de leur absence, cachés dans la pénombre de la scène, ombres chinoises enveloppées de lumière, concentrés sur les instruments, sans un regard pour la foule mais entièrement dédiés à son plaisir. Il se dit que les vapeurs de leur pop rêveuse auraient provoqué des évanouissements dans le public.
FKA Twigs, c’est un peu l’anti Charli XCX. Là où la seconde mise sur son charisme pour un seule en scène frénétique, la première livre un show ultra-millimétré à la mise en scène d’une rigueur folle, entre spectacle de danse expérimental et rave. Non pas qu’elle manque de magnétisme – l’Anglaise de Cheltenham le prouve en finissant sur un Cellophane d’un dépouillement bouleversant, qui a fait couler quelques larmes autour de nous. Entre-temps, accompagnée de neuf danseurs eux aussi impressionnants, avec pour décor un cube de métal menaçant, FKA Twigs aura fait de la pole dance, manié une épée et prouvé sans cesse qu’elle est aussi bonne danseuse que chanteuse. Le sens de cette épopée en trois actes nous a parfois échappé – le dragon de la fin nous a notamment laissés perplexe –, mais on a rarement vu une musicienne mêler avec autant de force la pop et l’avant-garde, le cérébral et le sensuel.
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